Robbie Fisher
⌇ if we go down then we go down together ⌇ NOM, PRÉNOM | affublée d'un prénom de garçon qui ne ressemble à rien, Robbie aime dire qu'elle se prénomme comme les dockers anglais de l'époque victorienne. Robbie, Bobby, ou quelque chose comme ça. Ca n'a pas de sens, mais elle s'en fiche. Quant à son nom de famille, elle le tient de son père, un homme absent qu'elle n'a jamais connu et qui n'a pas grand chose à voir avec la lignée de sorcières dont Robbie descend. AGE | cela fait vingt-six ans que la jeune femme cherche son chemin sur cette terre. RACE MAGIQUE | c'est une sorcière, un don magique dont elle a hérité de ses aïeux. POUVOIRS | la dissimulation (qu'elle maîtrise bien) et l'électrokinésie (qu'elle maîtrise très mal et dont elle refuse dorénavant d'user). STATUT | libre comme l'air. MÉTIER | laborantine au Memorial Hospital, elle occupe la plupart de ses journées de travail à l'analyse d'anciens et de nouveaux médicaments mais secrètement elle s'imagine chimiste découvrant un remède miraculeux. Plus officieusement, elle concocte également des potions (et passe à un certain temps à en élaborer de nouvelles) qu'elle revend à ses sœurs sorcières. TRAITS DE CARACTÈRE | créative, paumée, fière, hors normes, farfelue, possessive, insoumise, empathique, indécise, angoissée, rancunière, peur de l'engagement, grand sens de la justice, bordélique, nerveuse, électrique. AVATAR | imogen poots. GROUPE | le bien. SCENARIO OU INVENTE ? | inventé.
• I'll play the bitch, you play the witch, ok ?#001/ Robbie a vingt-six ans et elle porte de larges sweats qui lui font paraître dix de moins. Robbie c’est les jeans serrés, les casquettes de traviole et les baskets usées aux pieds. Ses mains sont cachées dans des moufles grises à pompons et elle ne porte pas de sac. Elle n’a jamais de sac, parce qu’elle n’a jamais rien à y mettre dedans. Le lundi, elle aime bien mettre des chaussettes dépareillées, elle dit que c’est pour donner de la couleur à la grisaille des débuts de semaine. Les autres jours, elle fait de son mieux. Ce matin, à toute hâte puisqu’elle était en retard (elle est toujours en retard, et surtout le matin), elle a enfilé la première paire de chaussures tombée sous ses mains pressées et ce n’est qu’en arrivant à l’hôpital, au moment d’enfiler sa blouse de travail, qu’elle s’est rendue compte qu’en fait la paire de chaussures qu’elle avait choisie n’en était pas une. Affublée d’une basket bleue au pied gauche et d’une bottine noire au pied droit, patients comme médecins n’avaient eu d’yeux que pour elle et ses pieds désassortis. Ca tranchait sévère avec sa blouse unicolore et la monotonie toute entière de l’hôpital. Elle avait toute la journée répété qu’en fait le grand blond avec une chaussure noire, c’était elle, sauf qu’elle n’était ni grand ni blond, mais personne n’avait compris la référence (un truc que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître...) Cette funeste erreur avait au moins eu l’heur de rendre leur sourire à quelques malheureux. Pour tous les vague-à-l’âme et les mal-au-cœur qui envahissaient les couloirs du memorial hospital, une si mignonne maladresse était source de lumière, c’était un grand bain de soleil éphémère. L’espace d’un instant dans leur vie, ça égayait leurs cœurs pluvieux. Mais tous les jours dans la vie de Robbie ressemblaient à celui-ci. C’était une fille bancale, un vaste imbroglio, une avalanche de quiproquos et de trucs pas prévus.
#002/ Cette putain de tenace impression que rien n’est jamais allé comme il faut dans sa vie, comme si le train était sorti des rails dès la fermeture des portes, au tout début du voyage. Ça tourne pas rond là-dedans. Robbie, elle rêve de zénith brûlant en hiver et de neige l’été. Elle aime manger le dessert avant le plat de résistance, même au restaurant. Elle est affreusement maniaque, mais son appartement est un génial capharnaüm qu'elle range un week-end sur deux, le dimanche soir, si elle n'est pas trop harassée par ses deux jours de "repos", pour aussitôt retourner sans dessus-dessous son armoire le lundi matin au moment de trouver quelque chose à se mettre sur le dos. C'est fou de passer autant de temps à (ne pas) se décider sur une tenue alors qu'elle enfilera une blouse blanche en arrivant au travail ; mais elle aime dire "qu'on ne sait jamais", des fois qu'elle tomberait sur l'homme de sa vie dans la rue.
#003/ Un petit être poilu partage son quotidien, c’est la première responsabilité que Robbie a bien voulu endosser, il y a cinq ans déjà. La bête est rousse avec des moustaches et une chaussette blanche, elle se prénomme Carcasse. Elle l’a trouvé dans les poubelles au bas de son immeuble, en train de dépiauter les maigres restes d’une dinde de noël, d’où le nom. Et d’où l’adoption, peut-être par charité, parce que les fêtes de fin d’année font cet effet-là aux gens. Dans la magie de noël, un rien les attendrit. Et d’ailleurs Carcasse, c’est un chat. Jusque là, rien de très original pour une sorcière, c'est vrai.
#004/ "est-ce que mon cœur est verglacé ?" Qu’ils s’y jettent effrontément ou avancent prudemment, ils pensent tous pouvoir en emprunter les sentiers sans danger, sans prendre trop de risques, mais c’est trop glissant, tout finit toujours par se casser la gueule et il n’y aucune branche à laquelle se rattraper. Parfois ils y laissent une dent, parfois un coccyx. Et Robbie a tout le temps cette peur farouche qu’un jour quelqu’un arrive avec ses gros crampons et piétine tout, tape un grand coup sur la glace et brise tout en mille morceaux. Mille morceaux de cœur, ça doit pas être beau à voir. Et personne n'a jamais entendu parler de super glue pour les cœurs brisés aime-t-elle dire lorsqu'elle défend la peur de s'engager dans une quelconque relation (nb: penser à inventer cette super glue).
#005/ Ce n’est pas tellement un garçon manqué. Ce n’est pas non plus parce qu’elle porte un prénom de garçon qu’elle en est un. Robbie est une héroïne des temps modernes. La fillette déguisée en batman un jour de carnaval alors que toutes les autres petites filles sont accoutrées de robes bonbons qu’elles piétinent, c’est elle. C'est une princesse en baskets, qui clame haut et fort ses tendances féministes, qui se veut indépendante et qui a un mal fou à se soumettre à l'autorité.
#006/ Robbie était une enfant lorsque son premier pouvoir s'est manifesté et ce fut un jeu pour elle que d'apprendre à le maîtriser. Fillette, c'est un pouvoir dont elle adorait user et sa mère a bien répété un million de fois que c'était donner de la confiture à des cochons que de lui avoir offert un tel don. Pour une gamine discrète comme un éléphant, c'était du pain béni de pouvoir magiquement se dissimuler. Elle en a abusé lorsqu'elle était enfant, pour elle-même et pour se tirer de quelques faux pas dans lequel elle avait le chic de s'embourber, et ce n'est que plus tard, en devenant adulte, qu'elle a appris à mettre son talent au service des autres. En vérité, c'était une enfant qui a beaucoup inquiété sa famille et leur être de lumière ; ils avaient peur qu'elle tourne mal, qu'elle soit trop égoïste, trop tournée vers elle-même.
#007/ Robbie est muée d’un profond sens de la justice et elle ne s’en rend même pas compte. C’est pourtant probablement ce qui l’a retenue de se tourner vers les forces obscures à une époque où tout le monde pensait qu’elle y était prédestinée. C’est con de penser une chose pareille (et c’était pourtant le cas de sa propre mère) quand on sait, dans le fond, que le bien ou le mal, c’est juste et c’est toujours une question de choix. C’est se retrouver en face de deux chemins qui se ressemblent un peu, qui ont l’air de mener au même résultat, et c’est choisir celui qui semble le plus juste, et non pas le plus simple. Robbie est comme ça, elle se torture la tête et s’empoisonne le sommeil à se demander où est l’équité. Au final, à chercher la justice, elle se sent juste incomprise.
#008/ Ça cogne fort, là-haut, quand elle songe au deuxième don magique que la nature a bien voulu lui accorder. Elle avait vingt-quatre ans la première fois que l’électrokinésie s’est manifestée, un bête accident en touchant par erreur une clôture électrique qui a pris feu instantanément. Une sorte de déclencheur sans doute, puis plus rien pendant près d’un an. Elle a eu beau chercher à provoquer son corps et ses émotions par tous les moyens ; pendant des mois, rien, R.A.S, pas la moindre petite étincelle à l’horizon. Et puis un jour, il y a eu l’accident. Chaude journée d’été 2016, un jour de RTT à la plage, sel sur la peau et bikinis à perte de vue, un après-midi comme en rêvent tous les gens qui travaillent au mois d’août. Quand c’est arrivé, Robbie se faisait dorer la pilule sur le pont d’un petit bateau loué pour l’occasion et Alfie était aux commandes, ils passaient tout près d’une crique désertique ; il y a eu un cri, un appel au secours, un démon a surgi de nulle part et un gamin se noyait dans l’océan en cherchant à le fuir. C’est en voulant le sauver que Robbie l’a tué. Un bras désespérément tendu vers lui pour le secourir, elle voulait seulement le dissimuler aux yeux du démon quand la décharge électrique a illuminé la mer. Violemment projetée en arrière par l’électrocution, sa dernière vision ce jour-là fut la terreur dans les yeux du garçon lorsque leurs regards s’accrochèrent une toute dernière fois. Elle s’est réveillée trois jours plus tard, à l’hôpital, le cœur incroyablement meurtri pour la première fois de sa vie, l’âme abîmée.
#009/ Trois, c’est le nombre d’êtres de lumière que la jeune femme a déjà eu dans sa mince existence. Le premier, Victor, était l’être de lumière de la famille qui veillait sur sa mère (et sa grand-mère avant elle) et qu’elle a toujours plus ou moins considéré comme le père qu’elle n’a jamais eu. Robbie s’est retrouvée orpheline à vingt ans sans jamais avoir eu les véritables détails sur la façon dont sa mère et son être de lumière ont disparu. Les seules choses qu’on lui ait dites, c’est qu’ils avaient péri sous les flèches d’un être des ténèbres, qu’elle n’avait pas à en savoir plus pour ne pas réveiller une colère vengeresse et qu’elle avait un nouvel ange gardien. Alfie a donc déboulé dans sa vie sur les cendres encore chaudes de sa mère et de son père de substitution, de ses deux ancres perdues. Il l’a métamorphosée, elle est devenue une meilleure personne à ses côtés. C’est lui qui l’a poussée à se dépasser, à la responsabiliser, à faire éclore chez elle l’idée qu’elle n’était pas sur terre par le fruit du hasard et qu’elle avait peut-être une destinée à accomplir, que dans tous les cas elle devait la rechercher, en faire une quête. Elle qui auparavant ne s’était jamais sentie concernée par la chasse aux démons s’est surprise à se plier en quatre pour aider les innocents, à aller au-devant du danger voire à rechercher volontairement le combat. Il était son
leitmotiv, sa carotte. Bien sûr, comme le bonheur n’est jamais que de courte durée, cette belle collaboration a brutalement pris fin avec la mort, pour la première fois, d’un innocent qu’elle protégeait. Le fil était rompu. Trop rancunière, Robbie n’a plus voulu de lui, il a fini par lâcher prise et abandonner. Le flambeau est enfin passé entre les mains de Basil, lui aussi débarquant sur des cendres brûlantes car, comme le lui a asséné Robbie dès le premier jour, elle était en deuil d’elle-même, de la personne qu’elle était avant. Parce qu’elle ne veut plus être guidée (leurrée dirait-elle) et parce qu’elle rêve de se désengager de l’éternel combat entre le bien et le mal, voire de rompre sa magie, son lien avec Basil est particulièrement chaotique.
#010/ Enfant, elle regardait sa mère lutter contre les forces du mal et elle le faisait de loin, toujours de loin, comme si toute cette dimension magique appartenait à un autre monde que le sien. Bien sûr, ça l’amusait de disparaitre et réapparaitre à souhait dans la maison, de jouer aux apprenties chimistes ou de parcourir les pages usées du vieux grimoire que la famille se transmettait depuis Salem, mais c’est tout. A part par jeu, Robbie n’a jamais été effleurée par la magie. Pas concernée. En grandissant, la voie lumineuse qu’elle a pourtant choisie s’est résumée à ne pas faire de mauvaise action, à ne pas nuire aux autres, ou pas trop ; jusqu’à sa rencontre avec Alfie, elle refusait tout net toute sorte d’engagement ou d’implication. Dotée de pouvoirs surnaturels, peut-être, mais Robbie ne se considère pas comme une héroïne et n’a pas envie d’en être une. Elle ne se voit même pas comme une belle personne. Elle voudrait juste être une personne normale, avec des problèmes normaux. Pendant un temps, elle a bien joué un peu à la wonder woman en pensant poursuivre son destin, ça a mal fini, partie terminée, vie gaspillée. Game over. Echec et mat. Elle jure qu’on ne l’y reprendra plus, qu’elle en a fini de blesser les gens.
#011/ Robbie est un destin dissolu, un oiseau qui n’a pas su prendre son envol, qui n’a pas pleinement pris conscience de ses ailes. Son rêve de gosse à elle était d’ouvrir une galerie, d’ouvrir les yeux du monde, de sensibiliser le commun des mortels à l’art. Avec le temps, son projet a mûri et c’est d’art magique qu’elle s’est mise à rêver, imaginant une sorte de grimoire grandeur nature, vivant et interactif, où seraient exposés concrètement les résultats et les conséquences des sorts, potions et autres phénomènes surnaturels provoqués par les êtres magiques. Mais c’est un rêve resté à l’état de rêve et, à la place, Robbie trime toute la journée à analyser des échantillons de médicaments et de prises de sang, ce qu’elle appelle les potions des simples mortels. Lorsqu’on lui demande ce qu’elle fait dans la vie, elle répond d’ailleurs, avec coquetterie, alchimiste.
#012/ Son petit pêché mignon magique, ce sont les potions. Celles de guérison, celles de défense, celles qui font boum, celles qui font pschiiit, celles qui explosent et même celles qui ratent, qui manquent leur cible. C’est une passion qu’elle voue à cette forme de magie et elle connait par cœur chaque recette retranscrite par ses aïeuls dans le grimoire de sa famille, cela fait même plusieurs années qu’elle en invente de nouvelles et les répertorie à son tour. Dans ces moments, sa modeste cuisine devient un laboratoire où se mêlent couleurs, explosions et détonations, et ressemble au final à un champ de bataille coloré et bruyant. Et si au début son amour des potions était un aveu confidentiel, presque coupable, il a désormais dépassé les murs de son appartement puisqu’elle fabrique et vend ses confections dans son réseau de connaissances magiques.
#013/ Après la sale passe qu'elle a vécu à la mort de son innocent, Robbie s'est reconstruite autour d'une idée fixe, presque pathologique, de rester éloignée de la magie qu'elle ne saurait contrôler et tout particulièrement de ce don d'éléctrokinésie qu'elle refuse d'apprendre à maîtriser. Se cloîtrer a été la première solution envisagée. Parce qu'en ne voyant personne, elle ne pouvait logiquement blesser personne. Ca n'a pas duré longtemps ; Robbie n'est pas faite pour la solitude et l'isolement. Finalement, c'est par le contrôle de ses émotions qu'elle a trouvé une sorte de refuge, un moyen de faire taire cette nouvelle magie dont elle ne veut pas. Ca fonctionne à peu près, même si, dans le fond, elle sait que ça peut se casser la figure d'une seconde à une autre.
#014/ Récemment, une nouvelle idée lui est venue : contrer sa magie par une sorte de potion tue-magie. Le problème, c'est qu'elle se frotte à un tas de problèmes. D'abord parce qu'elle part de rien et doit tout découvrir, ce qui, entre recherches et expériences, lui dévore un temps fou. Parce que, ensuite, elle ne veut pas éteindre sa magie complètement, mais seulement une part d'elle-même. Enfin, parce qu'elle fait tout cela dans le dos de son entourage et ce n'est pas chose aisée que d'avoir des secrets pour d'autres êtres dotés de magie.
#015/ Robbie n'a jamais su qui était son père et, pour elle, il n'est qu'un nom sur son état civil. Marcus Fisher. Deux mots qui n'ont jamais signifié grand chose pour elle. Elle n'a jamais cherché à le retrouver ou à connaître sa vie et ne pense pas vouloir le faire un jour. Il est simplement cet homme qui n'a pas pu être présent pour son enfant, et elle ne veut pas en savoir plus. Robbie a de toute façon un rapport étrange au passé. Elle ferme les portes derrière elle, fait une croix (un peu trop facilement sans doute) sur les histoires terminées. Le passé appartient au passé, dit-elle tout le temps. Elle a fait la même chose à la mort de sa mère et de son premier être de lumière, puis avec la perte de son innocent. Elle bâtit des murs autour de son cœur, pour se protéger. C'est pas normal, pourtant, d'être et de paraître si détachée.
PSEUDO/PRÉNOM | mathilde.
AGE | vingt-cinq ans.
OU AS-TU CONNUS LE FORUM | bazzart.
CRÉDITS PHOTO ET CITATION | forsakenwitchery@tumblr (photo) the chainsmokers (citation)
AUTRE | amour sur vous