all troubles seemed so far away (wilma)

YESTERDAY ALL MY TROUBLES SEEMED SO FAR AWAY

Les lumières inondèrent de nouveau la salle de cinéma, intimant aux spectateurs de quitter les lieux pour que les petites souris en uniforme armées de leurs balayettes à popcorn puissent faire leur office. Freya se leva gracieusement tout en fredonnant Moon River qu'Audrey Hepburn fredonnait encore il y a quelques instants, et adressa un large sourire au jeune employé qui accourait vers sa rangée. Une rapide caresse sur sa bague lui apprit qu'il pensait à la fête d'anniversaire qui l'attendait chez lui une fois les portes du cinéma refermées. Peut-être pouvait-elle investir son cœur d'une autre félicité ? Elle se mordit la lèvre en apercevant une de ses collègues un peu plus haut, aussi jeune que lui et tout aussi pressée, et cette petite douleur auto-infligée la ramena à ses priorités : Wilma.

Pourquoi n'était-elle pas venue ? Le Clay était leur rendez-vous hebdomadaire, leur abonnement, une messe que l'on ne pouvait décommander sans la meilleure des raisons. Et cela faisait un mois que Freya s'y rendait seule, voyant Les Oiseaux, Sleepless in Seattle et désormais Breakfast at Tiffany's défiler devant ses yeux sans pouvoir la repaître, satisfaire comme une soif insatiable d'amour, quand ce n'est pas vraiment ce qui manque dans la vie d'un Cupidon. Elle comprit ce soir-là une fois le baiser d'Audrey et George immortalisé par un fondu au noir, qu'elle n'aimait pas que l'on bouleverse ses petites habitudes, ses petits instants magiques routiniers, et surtout que Wilma en était une part absolument essentielle. Oui, elle est tout à fait indispensable. C'est la levure du gâteau, la mouillette pour le jaune d'œuf, la bague du Cupidon... rumina-t-elle en empruntant les couloirs vers la sortie, son humour tout à coup assombrie.
Chose qu'elle ne faisait jamais, mais que son amertume la poussa à faire, elle décrocha le petit téléphone portable qu'elle trimbalait à contre-cœur dans sa poche d'imperméable et composa le numéro de Wilma. Les tonalités s'enchaînèrent à son oreille, mais elle fut surprise d'entendre une sonnerie derrière elle, celle que lui avait attribuée Wilma à leur première rencontre et ne l'avait pas quittée depuis. Surprise, Freya se retourna pour reconnaître sous la lumière jaunâtre du lampadaire projetée sur le trottoir, la jeune sorcière qui attendait.
« WILMA ! » cria Freya de tous ses poumons. « Tu as raté le film ? Tu m'as attendue tout ce temps ? Ça fait tellement de temps que tu n'es pas vue ! Vraiment, si tu n'avais pas vu Breakfast at Tiffany's, tu as raté quelque chose. Et comment vas-tu ? Comment va Stefan ? J'espère que ce n'est pas à cause de lui que tu ne viens plus avec moi au Clay... je lui en voudrai ! » acheva-t-elle avec un éclat de rire léger. Cependant, toute heureuse qu'elle était de voir sa soirée éclairée ainsi par la présence de son amie, elle constata la sombre aura qui planait au-dessus de celle-ci. L'inquiétude la gagna, un sentiment dont elle était fort peu familière si bien qu'elle ne sut que dire ni faire, ni même abandonner le sourire jovial qui grossissait sur son visage.

Ces derniers temps, Wilma n’avait plus qu’une préoccupation en tête : ramener Stefan à la vie. Parfois, elle en oubliant de manger et se décevait d’agir ainsi pour son bébé. Elle parcourait les livres, se renseignait sur les créatures magiques dans l’espoir que le futur père de son enfant ne soit pas définitivement mort. Assise sur son rocking-chair, elle allant d’avant en arrière pour apporter un peu de douceur à son futur enfant. Depuis la mort de Stefan, elle n’était pas vraiment aux petits soins pour son enfant, ni pour elle d’ailleurs, allant parfois jusqu’à se mettre en danger elle et son bébé. La douce Wilma n’était plus depuis quelques semaines, depuis que son pire cauchemar s’était matérialisé en la mort de l’homme qu’elle aime. Une bande annonce de film qui passe à la télévision attire son attention, il s’agit de la comédie romantique love actually. Elle a immédiatement une pensée pour Freya son cupidon. Elle regarde la date sur son téléphone, elle aurait du la rejoindre au cinéma pour leur sortie hebdomadaire mais tout ça lui était complètement sorti de la tête depuis que Stefan avait disparu. D’ailleurs pourquoi Freya n’était elle pas venue la voir pour la soutenir ? Les cupidons n’étaient vraiment là que pour le bon côté de l’amour. Elle en voulait à Freya de ne pas avoir été à ses côtés depuis le drame. Il était 21h30, la séance au clay devrait se terminer d’ici une demi heure. Cela donnait assez de temps à Wilma d’enfiler une tenue et de se rendre au cinéma. Elle aperçut Freya marcher au loin et alors qu’elle essayait de la rattraper, la sonnerie du générique de pretty woman se mit à retentir. Une musique qu’elle avait attribué à son cupidon depuis qu’elles s’étaient découvertes un point commun pour les films romantiques. « WILMA ! » dit Freya avec terreur en se retournant vers la future maman. . « Tu as raté le film ? Tu m'as attendue tout ce temps ? Ça fait tellement de temps que tu n'es pas vue ! Vraiment, si tu n'avais pas vu Breakfast at Tiffany's, tu as raté quelque chose. Et comment vas-tu ? Comment va Stefan ? J'espère que ce n'est pas à cause de lui que tu ne viens plus avec moi au Clay... je lui en voudrai ! ». Wilma resta de marbre suite à ce que venait de dire son cupidon. Visiblement elle n’était au courant de rien. « Si tu t’intéressais un peu plus à tes protégées tu saurai que Stefan n’est plus de ce monde » déclare Wilma les bras croisés en voulant affronter son amie. « Vous ne voyez vraiment que le positif de l’amour vous les cupidons » renchérit-elle déçue par le fait qu’un cupidon ne vienne pas un peu plus en aide quand ça va mal. « Je voudrais que tu m’expliques pourquoi est-ce qu’à chaque fois que je tombe amoureuse d’un homme que tu m’as attribué, il meurt ! » dit-elle agacée, fatiguée par toute ces histoires. « Je suis maudite, c’est ça ?! ou j’ai fait quelque chose d’horrible dans l’une de mes vies intérieure ? » demande-t-elle sans trop attendre de réponse de la part de son amie. Après tout ce n’est qu’un cupidon, bien loin de se soucier des lois du cosmos.

YESTERDAY ALL MY TROUBLES SEEMED SO FAR AWAY

Freya sentit la panique la gagner quand, s'approchant de Wilma pour l'embrasser tout en la saluant, celle-ci resta droite et froide comme un piquet sur le trottoir, les bras résolument croisés dans un geste de défi. Sa première réaction fut d'essayer d'en rire, mais les paroles qui sortirent de la bouche de sa protégée tuèrent son impulsion dans l'œuf. Les yeux noisette de la belle cupidon se remplirent d'épaisses larmes qui cascadèrent sur ses joues, jusqu'à ses lèvres tremblantes. « Ce n'est pas possible Wilma ! Mais qu'est ce qu'il s'est passé ? Non tu n'es pas maudite du tout... La dernière fois que l'on s'est vues c'était il y a trois semaines, quatre semaines à peine non ? et tu ne m'as même pas appelée ! » La panique envahissait les moindres recoins des semblants de justifications qu'elle essayait d'émettre. Elle savait que la sorcière ne se laisserait pas attendrir, qu'elle y verrait probablement une ultime pirouette ou quelque combine de Freya pour éviter un courroux qu'elle méritait trop suite à ses fresques avec ses pouvoirs.
Répondant à l'impérieux désir de tendresse et de réconfort qui se répandait à travers ses membres, Freya noua de nouveau ses bras autour du corps tremblant de Wilma, sans trop de soucier de savoir si celle-ci lui répondrait ou non. « Je suis vraiment désolée pour Stefan, Wilma, je le suis vraiment tu peux me croire... » dit-elle tendrement, en essayant de contrôler les sanglots qui transgressaient dans sa voix. « je comprends ta colère... mais je te le dis une nouvelle fois : je n'y suis pour rien. Jamais je n'ai fait quoique ce soit pour vous mettre ensemble. C'était de l'amour intact, de la pure magie ou le pur inverse mais... je n'ai rien fait, je te l'assure. » De fait, Freya n'était pas responsable de ce qui s'était tissé entre Wilma et Stefan. Jamais elle n'avait tiré de flèche pour les unir, ni usé de sa bague pour fouiller dans le passé de cet individu qui, il fallait bien qu'elle l'admette, ne lui avait jamais inspiré confiance.
Malgré tout, ce n'était pas d'elle dont elle voulait parler. « Mais toi, est-ce que tu sais ce que tu vas faire ? je veux dire pour le bébé et tout ça ? » dit-elle en dénouant ses bras pour frictionner les épaules de Wilma. « On peut aller chez moi si tu veux, tu peux y passer la nuit, histoire de ne pas être toute seule. »

« Ce n'est pas possible Wilma ! Mais qu'est ce qu'il s'est passé ? Non tu n'es pas maudite du tout... La dernière fois que l'on s'est vues c'était il y a trois semaines, quatre semaines à peine non ? et tu ne m'as même pas appelée ! » dit la cupidon en sanglots. Wilma n’est pas une personne sans cœur et cette réaction de la part de son amie la touche mais elle a du mal à concevoir le fait que les cupidons ne semblent être présents que dans les bons moments sentimentaux de leurs protégés. « Je suis vraiment désolée pour Stefan, Wilma, je le suis vraiment tu peux me croire... » ajoute Freya. La valkyrie le sait, son cupidon est un être d’amour, jamais Freya ne se réjouirait de la mort de Stefan mais elle a du mal à avaler le fait qu’elle ne soit au courant de rien. je comprends ta colère... mais je te le dis une nouvelle fois : je n'y suis pour rien. Jamais je n'ai fait quoique ce soit pour vous mettre ensemble. C'était de l'amour intact, de la pure magie ou le pur inverse mais... je n'ai rien fait, je te l'assure. » Wilma fronce les sourcils, comment ça Freya n’est pas responsable de cet amour, la jeune femme ne lui a pourtant jamais assuré le contraire. Si la jeune chercheuse l’avait remercié maintes et maintes fois de l’avoir associé à un être aussi charmant que Stefan, Freya n’avait jamais avoué qu’elle n’était pas responsable de cette union. « Quoi, attend, tu n’as rien fait ? » la future maman soupire, elle n’arrive pas à croire que son cupidon l’avait laissé pensé qu’elle était responsable de cet amour. « Et c’est que maintenant que tu me le dis ! » ajoute Wilma en laissant tomber ses bras. Elle n’en revient pas de la confession de son amie. « D’accord admettons que ce soit vrai, je reste tout de même ta protégée, tu aurais du sentir que quelque chose n’allait pas » lâche Wilma les larmes aux yeux mais elle ne veut pas pleurer, pas maintenant. C’est trop tôt, il reste encore de l’espoir pour Stefan. « Mais toi, est-ce que tu sais ce que tu vas faire ? je veux dire pour le bébé et tout ça ? On peut aller chez moi si tu veux, tu peux y passer la nuit, histoire de ne pas être toute seule. » finit par dire Freya. La valkyrie baisse les yeux, elle n’arrive pas à croire que Freya n’ait rien ressentie de sa peine et qu’elle apprend tout ce qu’elle a traversé seulement maintenant. Elle ne sait pas comment fonctionnent ces fichus cupidons mais une chose est sûre ça ne lui plaisait pas. « Je vais ramener Stefan à la vie, je ne veux pas perdre quelqu’un d’autre encore et une fois. » dit-elle sur un ton déterminé. C’est la seule chose qui la fait tenir, l’idée qu’elle peut ramener l’amour de sa vie sur terre avec l’aide de la magie. « Maintenant que je connais l’existence de la magie je sais que c’est possible » ajoute-t-elle toujours habitée par cette détermination qui lui a permis de ne pas fondre en larme devant Freya. « D’ailleurs tu vas pouvoir m’aider … » termina-t-elle par dire avec un plan bien défini en tête. Elle devait trouver de l’aide dans la communauté magique, ses simples pouvoirs de valkyries ne lui permettaient pas de ramener Stefan à la vie. Elle devait donc s’aider d’autres personnes et elle avait une idée bien précise en ce qui concerne Freya.

» It’s the 21st century, it’s the woman’s job to save the day - Wilma
» - safe place, safe people / wilma