How can I help you ? - w/Vera

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What if I said I would break your heart,
what if I said I have problems that made me mean,
what if I knew I would just rip your mind apart
| ©tumblr & mine, gifs;banks, lyrics

Le regard dans le vide, Petra a du mal à se concentrer sur l’urne égyptienne qu’elle doit estimer pour la prochaine vente aux enchères de Buckland. Elle repense à la conversation qu’elle a eu ce matin avec Léo et elle commence à se demander s’il a vraiment envie d’une relation sérieuse avec elle. Elle a l’impression que ses paroles sont en contradiction avec son regard. Elle voit bien la façon dont il la regarde et ce n’est pas le genre de regard que l’on adresse à une simple conquête d’un soir. Elle tente de se concentrer et se remet au travail pour examiner l’urne qui trône sur son bureau. À première vue, on dirait qu’elle date de l’Egypte antique, elle aurait appartenue à un roi. Petra se dirige vers sa bibliothèque à la recherche d’un livre qui pourrait peut être lui en dire un peu plus sur l’objet en question. Alors qu’elle tournait les pages de son livre, un léger tintement retentit. La trentenaire dirigea son regard vers l’urne, pendant une demi-seconde elle cru la voir scintiller. Elle s’approcha un peu plus afin de confirmer ses pensées mais elle fut interrompue par la secrétaire de la salle des ventes. « Madame Evans, une jeune femme aimerait vous voir » déclare la secrétaire. A peine a-t-elle terminé sa phrase qu’une jeune femme au visage angélique apparue dans l’ouverture de la porte du bureau de Petra. L’antiquaire trouva cette façon de faire légèrement déplacée, d’ailleurs sa secrétaire lui jeta un regard qui lui fit comprendre que cette jeune femme paraissait un peu étrange. « Vous pouvez nous laisser Mary » dit Petra le sourire aux lèvres afin de ne pas inquiéter sa secrétaire. Après tout, de nombreuses personnes venaient à la salle des ventes, plus ou moins équilibrés. Certaines juraient avoir vu le diable sortir d’une coupelle tandis que d’autres venaient complètement apeurés en laissant l’objet de leur venue sans même s’inquiéter de son montant. La jeune femme s’approcha du bureau de Petra. Elle ne saurait exprimer son ressenti à cet instant mais la femme présente en face d’elle lui donnait quelques frissons. Son regard paraissait vide, comme si, comme si … elle était dépourvue d’humanité. Une sensation bizarre qui mettait Petra mal à l’aise mais elle ne laissa rien paraître. « Bonjour, en quoi puis-je vous aider ? » demanda l’antiquaire en affichant un demi-sourire. Elle n’était pas sûre de vouloir entendre la réponse, cette femme filait un mauvais coton.

Vera savait que Leo voyait quelqu’un. Une femme. Une belle femme, brune, à la peau claire et aux yeux brillants. Elle l’avait vue, cette femme. Elle l’avait suivie, elle avait fait quelques recherches sur elle. Ça n’avait pas été compliqué d’apprendre où elle travaillait, où elle vivait. Ça n’avait pas été compliqué du tout, même que ça avait été trop simple. Soit cette femme était blanche comme neige, menant une vie tout à fait ordinaire, soit elle était tout le contraire et masquait bien son jeu. Mais Vera se fichait bien que ce soit une chose ou l’autre – elle était décidée à l’avertir, et à bien l’avertir. Ce n’était pas par jalousie, pas vraiment. Voilà longtemps maintenant que Vera n’aimait plus Leo, plus comme avant. Son amour était trop souillé par la colère, l’amertume et la haine pour être véritable, pour être sincère. Elle le faisait par simple méchanceté. Lui foutre une peur, semer le doute dans son esprit, lui dire les atrocités que Leo lui avait fait vivre – pour la faire fuir, peut-être, et rendre un peu de douleur à celui qui en avait tant causé. Oui, voilà ce que Vera voulait. Juste un peu de vengeance, douce et apaisante. Car c’était ça qui la définissait, la nymphe – le désir de vengeance, et l’agréable sensation que propager le mal lui faisait à présent. Loin était celle qui avait été la compagne de Leo – loin, trop loin.

Elle se rendit à la maison Buckland, sourire aux lèvres, son plan bien installé dans son esprit. Elle ne ferait rien de trop intense, non, elle laisserait le plaisir perdurer. Aujourd’hui, c’était la première rencontre, les premiers pas. Les petits mots laissés ici et là pour faire planer le doute et l’inquiétude. Vera entra dans la maison, et demanda à la secrétaire de voir Petra Evans, car tel était le nom de cette femme. Un sourire poli, insistant, les yeux bien plantés dans ceux de cette dame derrière le comptoir. Lui faisant comprendre qu’elle était mieux de ne pas refuser, ou de lui servir quelconque excuse. Elle verrait Petra Evans, voilà tout. Après quelques secondes à la fixer, la secrétaire bougea finalement pour l’annoncer mais Vera n’attendit pas plus longtemps – elle se dirigea vers la porte du bureau, y entrant sans hésitation. « Vous pouvez nous laisser Mary » dit la femme, bien vêtue, bien coiffée. Le regard de Vera glissa sur son visage, sur ses vêtements, tout en s’approchant. Elle ne souriait pas vraiment – elle n’était quand même pas venue jouer les faux semblants. Petra eut droit à son regard le plus vide, et Vera aperçut le doute déjà se glisser dans les traits de la jeune femme. « Bonjour, en quoi puis-je vous aider ? » La phrase polie arracha un petit rictus à Vera, qui arqua un sourcil en venant s’asseoir sur une des chaises en face du bureau, sans invitation bien sûr. « Je crois que c’est plutôt moi qui peut t’aider. » Pas de politesse, pas de cérémonie – Vera n’était pas du genre à tourner autour du pot. « Je viens te prévenir au sujet de Leo. » Elle garda ses yeux bien plantés dans ceux de la jeune femme, comme la défiant de regarder ailleurs. « Ne prétends pas ne pas savoir de qui je parle. »

« Je crois que c’est plutôt moi qui peut t’aider. » dit la jeune femme. Cette phrase crispa automatiquement Petra. Son attitude et son physique ne l’avaient pas trompé, cette femme était flippante. Au delà de son aspect creepy, la jeune femme était complètement irrespectueuse. Comment pouvait-elle la tutoyer de la sorte ? Petra venait d’une bonne famille dans laquelle le respect et la politesse sont les maître-mots. « Je viens te prévenir au sujet de Leo. » continua-t-elle. Petra fit un mouvement de recul. Jamais elle n’aurait pensé que Léo soit l’objet de la venue de cette femme. Puis Petra repensa à la conversation qu’ils avaient eu ce matin lorsqu’elle lui avait demandé s’il était marié. Bon il est clair qu’elle ne voyait pas du tout la jeune femme tenir ce rôle auprès de son amant. Peut être qu’elle était la réponse à ses questions sur sa relation. Bizarrement suite à cette annonce elle la voyait beaucoup moins bizarre mais plus comme une aide qui pourrait l’assister dans sa quête de réponse par rapport à Léo. « Ne prétends pas ne pas savoir de qui je parle. » finit-elle par dire. Petra leva les yeux au ciel, ce n’était pas ce qu’elle allait faire. Cette jeune femme était tellement désinvolte, elle espérait qu’elle pourrait quand même en tirer quelque chose. « Et bien je vous écoute » dit Petra en croisant ses bras comme si elle attendait son histoire avec impatience. Qu’avait-elle à lui dire ? Cela restait un mystère pour la trentenaire mais elle avait hâte de connaître le fin mot de l’histoire. Tout du moins, elle espérait que cette jeune femme pourrait le lui donner. « Qui y’a t-il de si important pour que vous veniez dans mon bureau sur mon temps de travail ? » reprit l’antiquaire pour lui faire comprendre qu’elle n’avait pas le temps de jouer aux devinettes si c’était ce que comptait faire la jeune femme. « Si vous commenciez par me dire qui vous êtes ? » suggéra Petra. C’est vrai, après tout la jeune femme n’était peut être pas crédible. Peut être que c’était l’une de ces admiratrice complètement flippante que l’on voit dans les séries thrillers.

» an inevitable demise / vera